Le Haut-Empire by Paul Petit

Le Haut-Empire by Paul Petit

Auteur:Paul Petit [Petit, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2014-09-14T22:00:00+00:00


d) Antonin (138-16120)

Aurelius T. Fulvius Boionius Arrius Antoninus, depuis son adoption T. Aelius Hadrianus Antoninus — en conservant, ce qui est nouveau, son prénom et le gentilice d’Hadrien — était alors âgé de cinquante-deux ans. Né en plein Latium, à Lanuvium, il appartenait à une grande et riche famille italienne consulaire, avec un ancêtre nîmois. Consul en 120, membre du Conseil impérial sous Hadrien, un des quatre consulaires chargés d’administrer la justice en Italie, il avait eu une carrière sans accroc ni difficultés, parvenue en 134 à son sommet normal, le proconsulat de l’Asie. C’est un grand bourgeois, possesseur d’une immense fortune (des biens fonciers et surtout des briqueteries) sagement gérée, honnête et vertueux, avant tout remarquablement équilibré, sans complexes ni passions. Son absence de génie et même d’originalité fait de cet excellent sénateur le symbole même de son époque. Son règne marque l’apogée de l’Empire humanistique, aux vertus quelque peu « victoriennes » et profondément conformiste. Antonin eut la chance de régner en ce moment privilégié, et le mérite d’en être digne. Le cognomen de Pius que lui valurent ses efforts pour obtenir l’apothéose de son père adoptif convient parfaitement à cet homme fidèle jusqu’au bout à tous ses devoirs. Mais un prince bon et juste n’est pas nécessairement un grand prince. Son administration fut excellente, minutieuse, profondément humaine. Les hauts fonctionnaires restaient longtemps à leur poste — vingt ans pour le préfet du prétoire Gavius Maximus, un record ! — et vieillissaient doucement avec leur empereur dans un immobilisme dont les insuffisances n’apparurent que plus tard, quand la crise fut venue. Le règne est somptueusement magnifié par le discours XXVI d’Aelius Aristide, un sophiste de l’Asie Mineure : c’est le panégyrique de Rome et de l’Empire, prononcé dans la capitale même, sans doute le 1er avril 14321. Jamais l’administration romaine ne fut meilleure : tout en faisant des remises d’impôts — l’or coronaire fut totalement remis en Italie et pour moitié dans les provinces — et des économies, Antonin élargit aux filles l’institution des alimenta (puellae Faustinianae, du nom de l’impératrice), distribua aux habitants de Rome jusqu’à 800 deniers par tête22, célébra avec faste, en 148, le 800e anniversaire de la ville, subventionna dans les principales métropoles, et à Rome même, des chaires de rhétorique, se montra généreux envers les villes de l’Asie ruinées par des tremblements de terre et laissa un trésor de 675 millions de deniers. Sa législation fut sensible au sort des pauvres, des esclaves et des emprisonnés. Mais c’est également sous son règne qu’apparaît dans la jurisprudence la distinction entre honestiores et humiliores (en somme entre les puissants et les humbles) promise à un long et fâcheux avenir23 : à l’ancienne distinction politique, entre citoyen et non-citoyen, qui perd de son importance par suite de l’ampleur des naturalisations au IIe siècle, tend à se substituer une distinction économique, par la richesse, qui est pire.

Cet Italien très attaché à sa petite patrie, le Latium, et à ses cultes les plus anciens, ceux que Virgile célébrait



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